Deuxième jour sur l'île. Réveil un peu étrange, la réalisation qui se fait doucement. Lit de fortune dans une tente. Tissus bien trop fin qui laisse passer la lumière du soleil. Réveil beaucoup trop tôt, la nature qui semble ne pas se soucier d'un réveil un peu plus tardif. Dos qui craque quand tu te lèves, vieillesse qui commence à se faire ressentir. Peut-être qu'un jour, la boss fera venir des lits. Ou alors, ce n'est qu'une preuve que tout n'était pas idéal et que cette invitation qui n'était qu'un piège. Pas le meilleur réveil du monde, fallait le temps pour t'y habituer.

Résidents qui semblent encore arrivés de nouveaux. T'aimerais les prévenir, leur dire que ça n'allait pas être si facile. Communication avec l'extérieur qui est impossible, à part si t'envoie une lettre. Encore faut-il qu'elle arrive à destination et t'en es pas vraiment certain pour le moment. Doux piège qui se referme sur eux et toi qui continue ton chemin. Ils le remarqueront bien rapidement de toute façon. Marché qui est ouvert, nourriture entreposée dans des étaux. Fruits un peu trop beau, un peu trop parfait à disposition. Cerise, pêche, poire, orange, quelques poissons et produits certainement importé à la vue de tous. T'erres tranquillement sans but précis quand tu vois une silhouette s'approcher de toi. Un peu trop grand, un peu trop joyeuse. Grande sourire sur le visage de la pierre précieuse qui t'annonces avec un peu trop de joie qu'elle t'a fait délégué insulaire. T'occuper de la gestion des ressources, du bien-être des nouveaux résidents, de leurs envies. T'es le troisième qu'elle a choisi, les deux autres qui s'occupent des campements. T'as envie d'être à leur place.

Première mission qu'elle te donne, faire les comptes de ce qu'il y a au marché et en fin de journée, voir ce qui a été vendu, parce qu'elle n’avait pas eu le temps de s'en occuper, parce qu'elle n'avait pas prévu autant d'arrivant d'un coup. Dizaine de personnes qui était arrivée et elle semblait déjà débordée. Ordre que tu ne pouvais pas refuser, papier qu'elle t'avait donné bien trop rapidement avant de partir, avant de piéger une nouvelle âme. Papier que tu regardes, fruits que tu commences à compter. Métier qui est loin d'être passionnant, l'adrénaline qui n'est pas vraiment présente, qui change de ta vie d'avant. Compter des fruits, il y avait mieux comme premier travail, comme première activité sur cette île.

Bâillements que t'as, parce que le sommeil tombe, parce que tu es loin de t'être habitué au décalage horaire. Minutes, heures qui passent doucement jusqu'à ce que tu vois quelqu'un au loin. « Hey, what are you doing ? » Tu l'accostes, pas vraiment des meilleures manières, un peu trop brut. La délicatesse qui n'est pas vraiment ton fort. Regard que tu poses sur sa feuille, un peu trop semblable à la tienne. « She asked you to count the fruits, did'nt she ? » Soupir que tu pousses un peu trop bruyamment. Pierre précieuse semble avoir perdue la tête, qui demande une même tâche deux fois.

T'as le regard fatigué, l'corps qui se demande où il est, pourtant c'est pas confortable, pourquoi t'es pas dans ta chambre, pourquoi y a des bruits d'oiseaux dehors, le bruit des vagues. Souvenir d'une putain de soirée, souvenir d'un vol, d'un poste que t'avais même pas envie d'avoir juste parce que t'as ramasser trois branches en arrivant, parce que t'as juste regarder la meuf trop grande en face. T'as le corps qui s'éveille, l'eau trop froide de ce putain du ruisseau qui coule sur ta peau, trop tôt, trop froid, le sweat-shirt que tu te fous sur le dos, climat un peu chaud et pourtant il fait plus froid que chez-toi. Les pas, le regard qui se tourne vers le monde, les sourires que tu sors et les réponses aux questions de ceux s'étant installés près de la plage comme toi. Gosse qui se dirige trop rapidement vers le marché, parce que t'as l'envie d'voir, d'acheter d'la bouffe aussi peut-être histoire de te nourrir. Gosse qui s'avance, observe, passe sur les étales, touche, effleure, se demande, questionne parfois un peu trop longuement parce qu'il a du mal à comprendre.

« Hey, what are you doing ? » Feuille que t'as entre les doigts, le corps qui avance encore plus, un peu trop près. « She asked you to count the fruits, did'nt she ? » Sourire qui perce sur tes lèvres, peut-être, peut-être pas. « Nope. » Le fruit que t'attrapes, tes fesses que tu poses contre une pile de palette de bois, t'es pas assez lourd pour l'exploser, t'espères. « I have to watch you. » Tu sais pas si ça se dit, tu sais pas s'il comprendra ce que tu veux dire, mais tu devais observer, comprendre vu que l'autre grande dame avait vu que tu t'ennuyais. Croque dans la poire un peu trop juteuse, gouttelette sur le coin des lèvres, la manche comme mouchoir pour effacer les traces de ta gourmandise. « I'm Pearl. » Présentation explosée au sol, t'sais pas vraiment faire autrement. « I'm from Colombia. You ? » Parce que tu vas pas l'aider, mais que tu vas le déconcentrer, c'est plus drôle.

T'avais pas vraiment de programme pour la journée. Tu comptais juste errer sur l'île, du moins la partie qui était accessible. Âme qui n'avait que pour but d'errer, de trouver un but sur cette île. Journée que tu pensais calme, ce n'était pas sans compter la tornade verte qui est venu te voir, qui t'a octroyé un rôle dont tu ne pouvais refuser. Compter les fruits, faire l’inventaire du marcher. Comme si tu n'avais que ça à faire. En réalité, c'est bien le cas, fallait que t'oublie l'idée d'être en vacances ou quelque chose dans le genre. Passer de pompier à ça, chute presque aussi brutale que celle causée par ta blessure. Tu comptes, tu notes. Chose que tu vas devoir refaire à la fin de la journée, quand le marché sera fermé. T'as déjà envie de te perdre sur l'île, pour éviter cette punition. Silhouette que tu vois au loin, que tu remarques, qui semblait faire la même chose que toi. Tu t'approches, un peu trop rapidement, un peu trop près aussi. Ton qui n'était pas vraiment amical au contraire. Feuille qui est semblable à la tienne. Héritière qui n'avait plus toute sa tête apparemment. « Nope. » Incompréhension qui se lit sur ton visage. Questions qui arrivent un peu trop vite, tandis que l'autre vient se coller aux palettes, fruit qu'il prend. Compte qui va être certainement faussé, mais est ce que ça a vraiment de l'importance pour toi ? Pas vraiment, tu voulais juste terminer la tâche qu'elle t'a confié le plus rapidement possible. « I have to watch you. » Accent qui parvient à tes oreilles, plus chantant. Accent qui vient d'ailleurs.« Watch me ? » Te surveiller ? Voir si tu savais compter ? « Or help me ? » Espoir un peu trop fort, parce que t'as pas envie de passer ta matinée au marché. Tu voulais juste y faire un tour rapide. Fruit qui est croqué, que tu n'inscris pas sur le papier. « I'm Pearl. » Papier que tu poses sur l'étale. « Caleb. » Pause que tu t'accordes, t'as bien le droit à ça. « I'm from Colombia. You ? » T'es bien content qu'il ne t'ai pas parlé en espagnol. T'aurais rien compris, tu l'aurais juste regardé un peu trop longtemps. « Australia. » Autre continent, autre hémisphère. Chaleur qui te manquerait presque. Il fait trop frais sur l'île. Changement auquel tu ne t'es pas encore habitué. « Why are you here ? » Curiosité qui vient rapidement. On a tous une raison d'avoir accepté cette invitation. T'en avais une, même si maintenant, tu regrettes un peu.

Poire. Le fruit le plus basique, celui que t'avais choisi, fatigué des pêches, déjà. Gamin qui croque, crocs acérés, les griffes qui pourraient sortir, un jour, pour vrai t'en sais trop rien, t'aimerais garder ce côté sombre un peu plus loin, t'as pas envie qu'on te fasse chier c'est tout, t'as pas un canif dans ta poche pour jouer ou pour tailler des putain de bâtons d'merde pour tuer des poissons. « Watch me ? Or help me ? » T'as le regard qui se fait un peu blasé un peu trop fatigué, souffle un peu trop fort qui passe tes lèvres. « Did I stutter ? Do I have to spell it ? Okay. W. A. T. C. H. »

T'aimes pas les anglophones qui pensent que vous êtes tous des teubés arrivant pas à s'faire comprendre, la condescendance qui te donnait presque envie de gerber. Pourtant, tu t'présentes, gosse toujours aussi blasé par l'autre, il a l'air vieux en plus de ça, p't'être autant que Lux. « Caleb. » T'hausses les épaules, t'es juste content d'rencontré quelqu'un d'autre, ça peut-être utile pour un éventuel sacrifice au dieu des poissons d'cette île. « Australia. Why are you here ? » Australie, l'pays des animaux qui veulent te buter, les araignées au venin neurotoxique, charmant. « You wanted to escape some devil arañas ? » Rire, doux, moqueur presque, le trognon d'la poire que tu jettes dans la poubelle près d'toi. Tu sais même pas s'il comprend l'espagnol, d'un côté tu t'en fous. « So you're the dog of the queen ? » Parce qu'elle l'avait envoyé compter des fruits, comme si c'était important, c'était tout sauf important.

Il était là, il avait les feuilles, les même que toi. Ouais, peut-être que t'espérais un peu d'aide, t'espérais être libre de cette tâche, être libre de faire ce que tu veux de ton séjour ici. Mais nan, il te surveillait, regardait si tu faisais bien ton travail. On te confiait une tâche et on ne te faisait même pas confiance. Fallait qu'elle se décide sur les tâches que tu dois faire. « Did I stutter ? Do I have to spell it ? Okay. W. A. T. C. H. » Soupir un peu trop important. La confiance qui ne semblait pas régner sur cette île. « Shit, I hoped some help. » Feuilles que t'abandonnes, tu trouveras autre chose, trouvera une explication, une excuse. T'as pas envie de compter des fruits. Questions pour se connaître. Chose simple, le prénom, l'endroit d'où vous venez, raison que pour laquelle il était venu ici. Question qui n'avait pas de réponse, raison qui ne voulait pas forcément dire. T'avais pas à le forcément. « You wanted to escape some devil arañas ? » Dernier mot que tu ne comprends pas, que t'essayes de déduire. « Oh if that was the only mortal danger there. » Parce que c'était bien connu que ton pays d'origines n'était pas le plus sûr en terme de faune et de flore. Surtout de faune. « So you're the dog of the queen ? » Main qui passe sur ton front, dans quelle histoire t'es encore. « Apparently I am. » Soupir quand tu te rends compte dans le piège qui se resserre autour de toi. « I don't know why. » Tu te promenais et elle est venue vers toi, t'as donné un rôle que tu ne voulais pas. « She saw me and she was OH YOU WILL DO ALL THE PAPER WORK. » Imitation sans doute foireuse, soupir qui vient encore de s'échapper de tes lèvres. « She's kinda crazy. There's some trap. » L'invitation qui donnait envie, qui paraissait idéal. Non, il y avait un truc derrière tout ça, mais il était trop tard pour faire marche arrière. « What do you think of the island ? » Même s'il veut pas te dire pourquoi il est là, il pourrait peut-être te dire comment il trouve cette île, comment il se sent. Poire que tu prends à ton tour, que tu croques parce que t'étais venu pour ça aussi, pour trouver à manger.

Il avait trop d'espoir l'autre. T'étais pas là pour aider, pion de la reine que t'étais, reine rouge comme dans Alice au pays des merveilles, t'étais là pour observer s'il faisait bien son taff, t'étais là pour voir s'il ne foutait pas le « dur travail » de mademoiselle Goldestein en l'air. Le regard qui se glisse sur l'autre, le regard qui observe, détail le visage, les traits, détails les mouvements des sourcils, les rides du sourire doucement qui brisent son visage en divers morceaux que t'aimerais peut-être assembler avec le temps, voir s'il était capable de plus, de moins, du pire. Australien qui parle tout seul, les hochements de ta tête pour montrer un quelconque intérêt à ses déblatérations que tu ne comprends qu'à moitié, parle trop vite, parle d'Émeraude, discute, essaie en tout cas.

« What do you think of the Island ? » Les sourcils qui se haussent, le regard qui se balade, pêche que t'attrapes, croque avant de lui donner, rire qui passe, sourire en coin et tes fossettes comme creusées au couteau qui apparaissent. « You're not ugly. » Parce que t'allais pas lui dire que tu le trouvais vraiment beau, t'avais pas envie d'lui faire cet honneur vu la façon dont il t'avait accueilli. « Do you fuck guys or girls ? Or both ? » Tu demandes, t'as juste pas les mots pour énoncer ton idée correctement, pas les mots parce que tu connais l'anglais mais pas à ce point, tu sais tenir une conversation mais il ne fallait pas abuser. « Just want to know if I have a chance to be fucked by you. » Tu dis ça, comme si de rien n'était, les épaules qui se haussent et le sourire léger toujours qui bouffe une partie d'ton visage, les yeux qui observent, tu veux le déstabilisé, le faire briser ce putain de masque que tu vois qu'il porte, trop sérieux, trop con aussi peut-être, tu sais pas lequel des deux ressort le plus.

Tu parles un peu trop. Un peu trop de tout, trop vite, trop fort. Peut-être bien que t'es sur les nerfs, peut-être que cette vie insulaire, ce n'était pas vraiment ce qu'il te fallait finalement. Île beaucoup trop calme, beaucoup trop grande. L'impression d'être perdue, d'être enfermé aussi. Flot de paroles qui continue encore et encore, comme si tu ne pouvais pas t'arrêter. Question que tu poses, qu'est-ce qu'il pensait de l'île. Un peu plus de vingt-quatre heures que vous êtes ici. Est-ce qu'il a vraiment eu le temps de se faire une idée de cet endroit ? Des personnes s'y trouvant. Peut-être qu'il s'est fait une idée de toi par contre. Il doit te trouver chiant au possible. Tu parles et il acquiesce par politesse. Tu t'es même pas rendu compte qu'il se taisait, qu'il faisait ça, parce qu'il ne comprenait pas ce que tu pouvais lui dire. Poire que tu prends, que tu croques. Peut-être que ça va t'aider à te calmer. « You're not ugly. » Pêche qu'il prend, qu'il te lance, toi qui la rattrapes au dernier moment parce que ce n'était pas vraiment la réponse que tu attendais. « Do you fuck guys or girls ? Or both ? » Morceau de poire qui reste au travers de la gorge. Surprise un peu trop grand. Tu tousses encore et encore, comme pour faire passer le morceau. « Just want to know if I have a chance to be fucked by you. » Regard dans le vide durant quelques secondes. Réaction qui était inattendue. Mots qui essayaient de passer la barrière de tes lèvres, mais rien. Si c'était pour te faire taire, c'était réussi. «I'm. » Début de phrase, mais rien qui ne vient pas la suite. Regard que tu poses sur lui, il était pas mal non plus. « Boys. » Juste un mot, comme si tu ne pouvais pas faire plus. Rire que t'as, presque nerveux. Sourire qui se dessine sur ton visage, comme si tu venais tout juste de détendre. « Sorry. That was unexpected questions. » Débit de parole plus lent, t'articules plus aussi. Petit sourire sur ton visage. « I'm sorry if I bothered you. » Main que tu passes dans tes cheveux, un peu gêné. Ouais, t'avais vraiment eu l'air idiot pour le coup.

Toussotements surpris du brun et t'as la moue qui se transforme en visage un peu trop moqueur, hautain, t'as le visage de ceux que tu détestes. Il mérite, tu te dis, te murmures, parce qu'il était agressif, parce qu'il avait déjà l'air d'en avoir assez de cette vie alors que toi ça t'ouvrais des portes, te sauvais presque. Ingrat l'vieux schnoque. Le mot qui tombe, comme une sentence et toi aussi, tu t'étoufferais presque. Les hommes, l'autre-là, il kiffait les mecs et subitement ça semblait devenir autre chose qu'un blague. Le rouge, qui monte aux joues, qui envahit la peau légèrement bronzé, gêner, subitement, parce que ça touche à la réalité, là maintenant. Le regard qui glisse, l'corps qui s'allonge sur la palette de bois, tu te fouterais bien une écharde près du cœur histoire qu'il soit obligé de te toucher pour l'enlever, mais t'es un peu trop fatigué pour ça. « Sorry. That was unexpected questions. I'm sorry if I bothered you. » Plus doucement, articulation que tu peux entendre, les mots que tu comprends mieux. « You spoke too quickly, I didn't understood shit of what you said. » Avant, c'est pour ça que t'avais ignorer, parce que tu comprenais que dalle à ce qu'il avait débité, parce que tout le monde oubliait trop vite que vous veniez de différents horizons. « English is not my first language, so speak slowly. » Parce qu'autrement, t'allais vite rester avec uniquement des gens qui faisaient des efforts. « So you gay ? » Les yeux qui se rivent vers le ciel.

Comportement pas vraiment approprié que t'avais pu avoir. Tâche ingrate qu'on t'avait donnée et tu ne pouvais rien dire parce qu'elle était la boss, parce qu'elle les moyens de te faire partir de cette île, de ce pseudo-paradis. Tu te demandais pourquoi t'étais là, mais t'avais pas envie non plus de partir si tôt. Chance que t'avais, tu t'en doutais pas. Peut-être que t'avais envie de découvrir l'île. Énervement que tu passes sur lui, ton qui n'est pas vraiment des plus amicaux. Question qui t'arrête, te calme un peu. Ouais, t'avais pas vu venir cette question. T'oublies rapidement la tâche qu'on t'a donnée. « You spoke too quickly, I didn't understood shit of what you said. » Enervement qui s'est fait ressentir. Parole qui n'était qu'un flot incompréhensible pour lui, pour n'importe qui d'ailleurs. « Yeah … i'm sorry » Main dans tes cheveux, gêne que tu essayes de cacher, mais ça doit être un échec. « That was not really important. » Parce que tu n'as fait que te plaindre de la tâche qu'on t'as donné, parce que ça t'as juste fait ton grincheux. Encore une fois. « English is not my first language, so speak slowly. » Il te l'avait dit qu'il te venait de Colombie. L'espagnol dans son sang, l'anglais qui est difficile, surtout avec ton accent, avec ta vitesse. « You do good. » Sourire qui se dessine sur ton visage. Anglais compréhensible, accent chantant lorsque le gamin parle.« So you gay ? » Rire nerveux qui sort encore une fois, tu sais pas pourquoi tu fais ça, pourquoi t'agis comme ça. « Yes I am. » Léger sourire sur ton visage. Partie de toi que tu n'as jamais caché. Pourquoi tu le ferais aujourd'hui. « So you find me pretty ? » Sourire qui change, qui devient plus joueur. T'as le temps de le regard. Gamin aux fossettes un peu trop dessiné, air de petit con qu'il a sur son visage aussi. « You're pretty too. » Sourire en coin qui s'agrandit quand tu vois le regard qui se détourne légèrement, lorsque tu vois le rouge un peu trop présent sur ses joues. C'était à son tour d'être gêné, air qui le rend un peu plus adorable et qui te fait un peu plus sourire.

L'Anglais que t'as appris à l'école, cours que t'as pris également à l'université, t'as une compréhension et une expression orale plutôt bonne, quelques mots que tu piges pas tant que c'est pas clairement expliqué, tant qu'on te montre pas, tant qu'on te fait pas comprendre. Alors, t'étais rester comme un con sans comprendre ce qu'il avait dit, sans vraiment capter autre chose que le fait qu'il soit en colère, mais l'mec avait l'air en colère pour tout, la gueule renfermée, trop froide, pas heureuse, alors t'avais une moue sur la gueule parce que ça te saoulait, tout te saoulais pour vrai alors que tu devrais être heureux d’être sur l'île, heureux d'être là, en sécurité, en vie.

« You do good. » Compliment qui glisse des lèvres que t'as un peu trop regarder, que t'aimerais peut-être explorer, plus tard, dans un moment, quand t'aura plus si peur d'te perdre sur cette île, quand t'aura envie d'plus, de vouloir ressentir plus. « Gracias. » Clin d'oeil, alors que tu te redresses sur tes coudes. « So you find me pretty ? » Les lèvres que tu mords, le regard qui se dresse vers le ciel, évite d'le regarder dans les yeux, t'as pas besoin de ça, pas maintenant. « You're pretty too. » Rire, toi, beau, nan, charmant même pas, y avais rien qui allait et tu le savais, tu te dégoûtais quand tu te regardais dans le miroir, c'était bien pour ça que tu te regardais jamais vraiment. « Not funny. » Qu'tu lances, parce que c'est comme si tu percevais une sorte de moquerie dans la voix de l'autre délégué insulaire, une insulte presque. « You're not pretty. You're perfect, it's annoying. » Les gestes que tu fais, vers ton visage. « Bone structure. » Parce que tu trouvais sa gueule un peu trop parfaite et ça te cassait vraiment les reins. « you have a boyfriend ? » Tu demandes, peut-être qu'il s'était déjà trouvé quelqu'un sur l'île, peut-être qu'il avait quelqu'un dans le viseur.

Tension qui baisse, cœur qui reprend un rythme tout à fait normal. Tâche que t'oublierais presque, que tu oublies complètement maintenant, à présent que tu t'intéresse un peu plus au Colombien qui se trouvait en face de toi. L'anglais qui n'est pas sa langue maternelle et toi qui parle trop vite, trop fort pour qu'il comprenne ce que tu venais de dire. Ouais, t'avais fait le con quand même. Anglais qui n'est pas sa langue maternelle, pourtant il se débrouille bien, plus que bien. Compliment que tu lui fais, sourire qui commence à se dessiner. « Gracias. » Clin d'oeil qu'il te fait, sourire qui s'agrandit, l'air froid qui s'en va doucement. Masque qui tombe doucement, comme si tu te l'autorisais de profiter de cette occasion, de cette île. Tu reviens sur ce qu'il avait pu dire, qu'il te trouvait beau. Toi aussi, parce que t'avais pris le temps de le regarder, de l'observer à ton tour. Le rire qui était sorti un peu trop naturellement. « Not funny. » Tu t'arrêtes, tu souris tout simplement. Sourire un peu trop grand, un peu trop joueur. « I didn't make fun of you. » Rire qui n'était pas moqueur, bien au contraire. Vérité qui s'échappe un peu trop facilement de tes lèvres. « You really are. » Sourire qui s'agrandit un peu plus, ton un peu plus sérieux dans ta voix. Ouais, il était plutôt pas mal le Colombien. « You're not pretty. You're perfect, it's annoying. » Rire qui s'échappe une nouvelle fois, commentaire inattendu. Première fois qu'on te le disait, rire qui s'arrête au bout de quelques secondes, sérieux que tu reprends.« Bone structure. » Geste qu'il fait, montre ton visage, comme s'il montrait ce qu'il y avait de parfait dessus.Peut-être qu'il exagérait, visage trop banale. « you have a boyfriend ? » Surprise que t'as encore sur le visage, gamin qui semble bien curieux. « Nope. Single. » Sourire que t'as. Relation qui n'étais pas vraiment heureuse, pas vraiment investi non plus. « And you ? Did you let anyone behind you ? » Peut-être que t'étais intéressé aussi. Peut-être que tu ne dirais pas non, sans même le connaître réellement. Sourire toujours présent, toujours un peu trop grand. Regard que tu poses sur lui, qui plonge dans son regard comme pour y trouver un trésor.

T'y crois pas, tu peux pas y croire. Qu'on t'exprime que tu pourrais plaire, que t'es beau. T'as jamais vécu ça, pas vraiment, tout était alcool et lumière, tout était joint, cocaïne, rien n'avait été prévu et tout avait été un cauchemar, presque un calvaire, t'oubliais, tout le temps, te retrouvais dans des draps que tu connaissais pas. Trois fois, après t'as arrêter, après t'as décidé de cesser, après tu t'es rangé. « Nope. Single. And you ? Did you let anyone behind you ? » Gamin qui a les sourcils qui se froncent, ne comprend pas ce que l'Australien veut dire. « Huh ? » Le regard qui se tourne vers derrière lui, parce qu'il comprend pas l'expression, que ça monte bizarrement au cerveau, avant que tu comprennes. « I'm single too. » Parce que tu supposes, parce que t'as un rire aussi, parce que tu te trouves un peu trop con, beaucoup trop. « What was your job ? » Tu demandes, parce que ça t'intéresses, parce que y a les bras forts que t'observes aussi, doucement. « I was an univ' student, technology. » Tu sais pas comment vraiment te faire comprendre. « And worked in a store, fruits and shit. » Rire aussi, dessin que tu traces dans l'air comme une tentative de faire un schéma d'une manière trop foireuse. « You look strong. Dumb, but strong. » Peut-être pas si Goldstein lui demandait d'faire ses comptes, mais t'avais la pique que tu voulais lancer, sourire joueur accroché aux lippes.

Tu parles plus lentement, t'essayes de te faire comprendre, tu reformulerais s'il y avait besoin. Ouais, t'allais pas continuer à parler aussi vite. Surtout que t'avais un accent un peu trop fort, un peu trop incompréhensible si tu t'y mettais. Curiosité qui monte, question que tu poses à ton tour. « Huh ? » Sourire qui s'étire légèrement quand tu le vois se retourner, comme pour voir ce qu'il avait pu réellement laisser derrière lui. Expression pris au sens littéral du terme, qui n'a pas compris tout de suite. Quelques secondes avant qu'il ne comprenne le sens de cette phrase. « I'm single too. » Sourire toujours présent. Information bonne à savoir. La pierre qui a peut-être envoyé des invitations, qui se serait auto-proclamé Cupidon pour des raisons quelconques. Après tout, il y avait bien qu'une invitation dans l'enveloppe. Proche qui reste derrière, qui auront peut-être cette chance de venir si d'autres invitations sont envoyés. « What was your job ? » Sourire qui s'efface un peu, souvenir d'une époque qui paraît lointaine et pourtant si proche. « I was a firefighter. » Feu qui a été plus fort que toi. Était, parce qu'avant d'arriver sur l'île on t'avait mis à la retraite. Officiellement un congé pour que tu puisses récupérer. « I was an univ' student, technology. » Phrase qui est faite avec les mots qu'il connaissait. T'acquiesces avec un sourire, t'avais compris ce qu'il voulait dire. Sourire qui s'agrandit quand tu vois les gestes. Mots qu'il ne trouvait sans doute pas, explication par un autre moyen. « And worked in a store, fruits and shit. » Sourire sur le côté, tête qui se penche, le regard qui est un peu trop plongé dans le sien, comme si tu venais de t'y perdre. « Fruits ? » Rire que t'as, parce qu'il n'y avait que ça sur cette île, parce que ça te semblait drôle, mais ça ne l'était pas vraiment. Rire qui s'arrête rapidement, regard qui s'excuserait presque. «  You look strong. Dumb, but strong. » Touché en plein cœur. Parce que c'est pas la première fois qu'on te le dit. T'es bien conscient que t'es la personne la plus intelligente que cette planète ait pu porter. « Well I'm not the smartest person in the world, but not the dumbest. » Rire que t'as, regard qui se perd dans ce sourire qui se veut certainement moqueur. Tu te rapproches un peu, sans vraiment t'en rendre compte, sourire sans doute un peu trop grand sur ton visage.

L'Visage qui se fait plus doux du côté du plus vieux et t'as un rictus qu'apparaît, parce que tu t'attendais pas à ce qu'il puisse avoir une tête autre que celle d'un gars qui faisait plus vieux que son âge et qui était juste blasé de compter les fruits, chose qu'il ne faisait même plus là. « I was a firefighter. » T'as les lèvres qui se mordent, ça explique les bras, et l'reste de son corps qui avait l'air tonique. « Fruits ? » T'as un haussement d'épaule, ouais peut-être bien t'avais pas les mots pour expliquer que tu vendais juste de tout, puis toi ça te dérangeait que moyennement de manger des fruits, y avait aussi du poisson bientôt y aurait plus alors c'était tout bénef. « Well I'm not the smartest person in the world, but not the dumbest. » Y a le regard, le corps qui se rapproche un peu trop et t'as une moue avant de te redresser trop rapidement, pas prêt à ça, pas prêt à quoi que ce soit en fait. « Well. See you soon huh ? » T'as un rire, parce que t'as pas envie de rester, que t'as envie de t'enfuir, parce qu'il est un peu trop proche et que ça te gêne sur les bords. Une poire que t'emportes avec un sourire, parce que putain peut-être que t'allais réellement te faire des amis ici.