ic. / aftermath / aslaug

Troisième jour sur l’île. C’est toujours nouveau, c’est toujours un peu fou. On se demande encore si c’était une bonne idée de tout abandonner pour recommencer à zéro. Lui, il se demande s’il reverra un jour un hamburger.
Il grimace en y pensant.
Curieux de nature – et pressé d’échapper aux corvées qui semblent être assignées à tout le monde, il fuit les campements pour trouver un endroit tranquille. Faire la sieste. Ou trouver un hamburger avec des pattes occupé à se reposer dans un pré. On sait jamais.
Il s’éloigne des camps, du marché, de la plage, s’enfonce du côté qu’il n’a pas vraiment vu. Restant loin du verger où il a passé beaucoup trop de temps avec Laz la veille. Merci mais non merci. Déjà, s’il doit voir une pêche de plus il va pas bien le vivre.
Bientôt, il voit la rivière qui coule. Curieux, il longe la rive, marche sur l’herbe fraiche, humide, qui mouille ses baskets. Ça le dérange pas vraiment. Ça fait du bien, avec le soleil qui tape sur sa nuque. Une casquette sur la tête, un vieux t-shirt et un jean, il a pas la tête de l’aventurier. Il devrait piquer un short à quelqu’un.
Une forme devant lui lui fait lever la tête – pas trop haut, parce qu’il voit d’abord le cul rebondi, puis la cambrure, puis le visage. Un sourire aux lèvres, il met les mains dans les poches et s’approche. « Hey. Bonjour. Toi aussi tu cherches à fuir les corvées ? » Il sourit en coin. « Ou mieux, est-ce que toi aussi tu rêves d’un burger et tu chasses ? »

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Paradis terrestre. Ça lui rappelle chez elle, mais en plus petit et en un peu plus chaud aussi étrangement. Elle ne dira pas que la maison lui manque. Elle a tout ce qu’il lui faut ici, Alfred dans la capuche de son hoodie, un casque qui fredonne de la musique autour du cou. Et en plus elle peut se balader en bas de bikini, on lui dira rien. Cul presque a l’air, pieds nus, elle marche à l’écart des campements et autres ateliers. Elle a vite compris Plissken qu’il y a moyen d’échapper à la surveillance et de faire un peu sa vie. Et puis aujourd’hui elle veut pas travailler. Alors elle sort Alfred, qui n’en a rien à foutre puisqu’il bouffe sa carotte.
Aujourd’hui elle veut planter des petits champignons. Faire pousser son petit vivier de magie hallucinogène. La marijuana, elle la plantera près de sa tente. Se fera son petit potager. Mais les champignons. Elle en fait son coin. Accroupie, creusant le pied d’un arbre de ses petites mains. Elle se dit que le grandes oreilles il pourrait servir à quelque chose. « De toute façon. Ce soir tu finis en civet. » Qu’elle marmonne en s’écorchant la pulpe d’un doigt contre un caillou un peu coupant.
Elle tourne la tête Plissken quand elle entend une voix. Une asperge géante. Un légume vivant. Putain ça fait peur, mais le soleil laisse un peu d’ombre venir et c’est juste un grand dadet un peu fragile. Elle soupire un peu, rangeant ses petites graines dans sa poche kangourou. « T’as parlé de burger ? Tu sais où on peut trouver des burgers ? » Elle se redresse. Comme une camée et chuchote. « Ils se nourrissent que de fruits ici. Depuis quand c’est nourrissant un abricot ? » Ils sont fous ces humains.

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« Nan, j’espérais que toi tu savais. » Déception et soupir, il s’étire. Elle l’a regardé avec tellement d’espoir, il aurait aimé avoir l’adresse d’un McDo à lui donner. Il rit un peu à son air de conspiratrice. « Ouais je sais. Ils bouffent que des pêches, tout le temps. Et boivent du jus de pêches. J’vais devenir fou. » Il secoue la tête avec un soupire. « Y a du poisson aussi. Et le reste arrivera bien assez vite. » Mais en attendant, il a envie d’un énorme burger et arrive pas à se le sortir de la tête. Il termine son chemin, s’arrête devant la petite brune et lui sourit. « Tu faisais quoi du coup, si t’étais pas occupée à trouver une vache à faire cuir ? » Il regarde avec curiosité, la terre retournée, méfait accompli et bien secret. Ça le regarde pas vraiment mais il peut pas s’empêcher de demander. Probablement parce qu’il a toujours été comme ça.
Sans filtre, sans gêne.
Un mouvement lui fait relever la tête et il hausse un sourcil en apercevant des oreilles blanches qui dépassent de sa capuche. « Attends … T’as un lapin là-dedans ? » Il trouve ça bizarre. Et trop cool. Et beaucoup trop drôle. Mais un peu bizarre. Il se penche, cherchant à voir la bestiole. Ouaip. Un lapin. Occupé à bouffer une carotte. Dans une capuche. Normal.  

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« Mais moi j’veux de la viande. » Le poisson elle aime ça, mais c’est pas de la viande. Et les pêches. C’est bon, mais elle a le ventre qui gronde depuis trois jours. « On pourrait faire de l’alcool avec les fruits en plus. » Elle boit pas. Mais elle s’imagine déjà distiller et vendre contre des clochettes aux autres en faisant de la contrebande. Elle a toujours voulu être Han Solo.
Plissken elle tourne la tête vers le trou qu’elle creusait et puis elle regarde ses mains qu’elle essuie vite contre son pull gris. Elle regarde à gauche puis à droite. Et s’approche ensuite. « Je veux faire pousser des champignons. » Elle sent que l’asperge humaine il sera de son côté. Il a l’air de faire des conneries depuis le jour de sa naissance. Elle est presque sûre qu’il est sorti du ventre en faisant des roulades partout. « Ça sera drôle de tripper en les mangeant. »
Elle rit comme une petite souris mesquine en frottant ses mains l’une contre l’autre. Une grimace parce que la terre part pas.
« Quoi ? » Elle a le sourcil qui se hausse et la tête qui tourne dans le même sens que lui. Dedans quoi ? Et puis elle comprend enfin. « Ah tu parles d’Alfred ? Il aime bien quand je le promène dans mes capuches. » Elle sautille et rit en sentant la boule de poil rebondir. Qu’il s’étouffe avec sa carotte ça lui fera les pieds. « Il est tout doux, mais à part manger il sait pas faire grand-chose. Même sauter il fait pas ça très bien. » Mais il est gentil Alfred. Et il l’accompagne partout. C’est ça un vrai ami. « Et toi t’as rien dans ta capuche ? » Elle tourne autour de lui, mais non y’a rien. C’est juste une asperge sur pattes. Et c’est tout. « Je suis sûre que tu caches quelque chose. T’es trop grand pour être innocent. » Qu’elle réplique alors retournant à son trou pour y planter enfin ses petites graines et reboucher tout ça.

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« Ouais, moi aussi je veux de la viande. » Mais y en a pas. Y en aura, ils en font venir. C’est pas comme s’ils voulaient tous les faire devenir végétariens du jour au lendemain. Mais il rêve d’un burger. Un vrai bon gros et gras burger. Mais plus tard. Sa remarque sur l’alcool le fait rire. « C’est interdit sur l’île. J’suis en période de sevrage, m’en parle pas maintenant. » Il secoue la tête. Lux, il faisait la fête, il abusait, il abusait si fort. Si on lui promet de l’alcool, il sait qu’il sera de la partie.
Il a pas besoin de faire encore plus de conneries.
Elle s’approche de lui, lui parle dans la confidence et il peut pas s’empêcher de rire quand il comprend ce qu’elle fait dans le coin. « T’as ramené des champis ? Mais comment t’as fait ? » Il est presque sûr que ça aussi, c’est interdit. Mais il trouve ça beaucoup trop drôle. Il sent qu’il va bien l’aimer, la gamine, avec son air innocent et ses plans diaboliques.
Une mauvaise influence.
Et pour une fois, c’est pas lui.
Le lapin, Alfred, dans la capuche. Normal. Il sourit en coin et fait un signe de tête vers la boule de poils. « Enchanté Alfred. » Il a pas l’air petit – comment elle s’étouffe pas avec le poids ? Ce genre de questions. Mystères de la vie. Il y a plus d’une chose étrange avec cette gamine, une de plus, une de moins. Il secoue la tête. « Nan. J’ai rien à y cacher, moi. » Parce que Lux, à part son paquet de clopes clandestines dans ses affaires, il a embarqué que le minimum syndicale, sans réfléchir à plus tard, à ce qu’il pourrait lancer. « C’est toi qui est petite. » Il hausse les épaules comme si ça expliquait tout et regarde autour. « Du coup, tu comptes les planter ici ? Et si quelqu’un les trouve avant toi ? »